PROJET. L’ingénieur qui voulait écrire sur les murs

L’INSA de Lyon héberge un laboratoire d’informatique qui, dans le cadre des réflexions de ses chercheurs, est devenu le lieu où sont développés actuellement des algorithmes qui serviront peut-être un jour à écrire sur les murs des villes. Virtuellement.

Les chercheurs du laboratoire LIRIS du CNRS développent une application qui, en mobilisant les technologies de la réalité augmentée, permettra d’ajouter une couche d’information virtuelle sur une image réelle capturée à travers la caméra d’un smart-phone ou d’une tablette, VisTaVille doit permettre aux usagers de l’application, et c’est là une première, de créer cette information virtuelle depuis leur terminal mobile.

La réalité augmentée, une technologie pour le moment principalement mise en oeuvre par les milieux du marketing et des institutions, n’est encore qu’à ses premiers pas pour le grand public. Pour le moment, elle demeure relativement passive puisque l’utilisateur se contente de « recevoir » une information supplémentaire. Restait donc à inventer la possibilité de créer l’information, ce que ces chercheurs sont en train de parvenir à réaliser.

Au printemps 2012, l’équipe est parvenue à ce que l’appareil, un smart-phone dernier cri fonctionnant sous Android, identifie un bâtiment, son architecture et ses points distinctifs et que l’utilisateur puisse coller un logo sur ce bâtiment désormais reconnu.

Une fois les deux images entrées dans une base de données, un autre utilisateur pourra donc, quand il observe le même bâtiment à travers son smart-phone et en utilisant la même application, voir apparaître sur son écran le logo qui a été apposé sur le bâtiment.

Chacun peut donc, grâce à cette application, laisser « sa » trace sur les lieux qu’il fréquente, prend en photo, et marque.

D’autres systèmes, depuis plusieurs années, permettent de laisser une trace : google map et OpenStreetMap encouragent les utilisateurs à créer leurs propres topographies en indiquant l’emplacement de commerces, de monuments, de bâtiments publics, en postant des photos et en les géolocalisant.

La nouveauté ici vient de l’emploi de la réalité augmentée qui permettra dans quelques temps aux utilisateurs de VisTaVille de se placer au centre d’une place, de faire une prise de vue à 360° et de voir apparaître la ville autour d’eux, augmentée de toutes les informations qu’ils choisissent d’y afficher selon leur pertinence et leur besoin d’information ou de divertissement : œuvres picturales, noms de commerce, historique du lieu, endroits de convivialité, services publics, ou encore les informations laissés par leurs connaissances.

Les collectivités locales encouragent activement ce type de
projet dans le cadre du développement de villes intelligentes. Les technologies numériques doivent permettre, en l’espace de quelques années, de faciliter l’usage de la ville et des services publics, en facilitant l’accès à l’information et en triant selon une pertinence décidée par l’utilisateur citoyen.

Dans le même esprit, je voudrais que l’Ecole de la paix se saisisse de cette opportunité pour développer de nouvelles méthodes d’action sur le territoire. Vous retrouverez bientôt, dans la rubrique consacrée au quartier Très-Cloîtres, l’application qui pourrait être faite des technologies mises au point par les chercheurs de VisTaVille.